« Bonjour, j’habite dans une coquette maison à la Marsa. Connaissez-vous une nounou africaine pour garder mes 2 enfants durant les 3 prochains mois en échange d’une modique somme et des heures de travail interminables ? »
C’est sans doute légèrement caricaturé, mais des messages comme celui-ci pullulent sur la toile. Des groupes sur Facebook sont d’ailleurs consacrés à ces offres d’emploi illégales et racistes, et cela consacre tous les corps de métiers : gardiens, chauffeurs, nounou, aide-soignante, cuisinière, et surtout les femmes de ménages. Mais cette dérive ne s’arrête pas là, puisque mêmes les professions intellectuelles semblent désormais touchées (travail en freelance) : graphistes, développeurs, ou encore vidéastes, payés une bouchée de pain contre des heures de travail.
Mais comment en-est on arrivé là ?
Une frange de classe bourgeoise parfois ingrate
Malheureusement, la pratique d’adopter des jeunes domestiques dans des villages reclus de la Tunisie est monnaie courante. Des jeunes filles à peine pubères, vendues par leurs familles à de riches bourgeois comme nounous ou aide-ménagères finissent par être adoptées. Leurs droits sont bafoués et elles subissent parfois toutes sortes de violences, aussi bien morales que physiques…
La culture de l’assistanat pour certains
L’assistanat maternel est caractéristiques des pays méditerranéens mais dire que la Tunisie arrive en tête de liste, il s’agit d’un doux euphémisme. Ainsi, il n’est pas rare de voir des hommes et des femmes d’une quarantaine d’années vivre encore sous le toit parental. Ce phénomène a même augmenté depuis ces dernières années, notamment à cause de la récession économique.
Des pères de famille souvent absents
L’absentéisme des parents pour raisons professionnelles ou autres a toujours posé problème, dans la mesure où leur progéniture est élevée par les domestiques de la maison. Une dépendance qui se concrétise de plus en plus puisqu’à défaut de nounous locales, les familles font désormais appel aux services d’immigrés africains hommes ou femmes.
Laisser-faire des autorités
Les autorités ont toujours fermé les yeux sur ces pratiques d’un autre âge, malgré les dénonciations et les alertes lancées par les associations des victimes et la société civile. Rappelons que la Tunisie a abolit l’esclavage en 1846, grâce à un décret précédé par une interdiction de vente d’esclaves. Il en va de même pour les emplois payés au noir. Une pratique très courante qui évite à des employeurs peu scrupuleux, d’avoir à payer des taxes à l’Etat. Ils en profitent pour sous-payer les travailleurs en leur demandant d’effectuer des tâches impossibles payées une poignée de dinars. Plusieurs secteurs sont concernés (médias, industrie, commerces…).
Les dommages collatéraux de la révolution du jasmin
Cette révolution, qui n’a pas été de tout repos et qui suscitait l’espoir de tout un peuple, a au contraire, plongé le pays dans une situation politique instable. Les institutions de l’Etat ont finit par s’effondrer, en étant gangrenées par la corruption et les tensions entres les partis politiques dont chacun veut imposer ses propres idéaux. Résultat : Une inflation des prix, une hausse de la pauvreté et de la criminalité et un gouvernement dans l’impasse.